
Gli strumenti di Paolo Boni nel suo laboratorio, 7 Impasse du Rouet, Parigi XIV © Marie-Laure Picard
Mon travail de graveur, Paolo Boni
La graphisculpture de Paolo Boni, un procédé original, par Carla Boni

Tirage de la graphisculpture Zodiaque, 1969

Matrice de la graphisculpture Zodiaque, 1969
Mon travail de graveur, Paolo Boni
“Ho costituito una panoplia inedita di strumenti che rispondevano all’esigenza di una presa diretta, quanto più piena e ampia possibile, sul metallo: lime, la cui testa si assottigliava in una lingua rettangolare affilata all’estremità, punta piatta su tutta la superficie o laterale, approfondendo le misure. Frese montate su trapano, in modo da ottenere effetti di modulazione: rilievi, fossette, puntinature, che ottengo anche dall’utilizzo di metalli prefabbricati.
Non ho voluto trascurare le nuove possibilità offerte dal taglio, dallo svuotamento della lastra: tagliandola sulla forma esterna del disegno, si rompe la rigidità geometrica della cornice, i margini entrano in comunicazione con l’interno, la materia della carta vergine viene integrata nella prova, la composizione cessa di essere limitata al solo formato della superficie incisa.
La combinazione di due, tre, quattro lastre tagliate da metalli diversi e rivettate – zinco, ottone, rame, alluminio, ferro – determina oltre al rilievo, variazioni di tonalità dovute alle differenze di pressione e alla reazione specifica del colore a seconda del tipo di metallo. Nel caso delle stampe policrome, le mie lastre sono composte, come puzzle, da elementi dissociabili che vengono inchiostrati separatamente, poi ricomposti: la stampa può essere eseguita in un unico “passaggio”, senza il rischio che gli inchiostri si mescolino.
Ho trovato nell’incisione quella che per me è senza dubbio la condizione dell’immaginazione plastica: possibilità di interrogarsi, al livello più semplice del trattamento e della scelta dei materiali – ma, forse anche, sotto il colore dell’incanto con il gioco delle forme, una risposta al bisogno di rompere, con la violenza, il silenzio glaciale del metallo. Soddisfacendo i riti di un’aggressività elementare, i miei connazionali d’altri tempi, i capomastri toscani, forgiarono, cesellarono, assemblarono pezzo per pezzo, con infinita sollecitudine, queste terribili e meravigliose armature in esilio al Metropolitan Museum.”
Paolo Boni

Superposition, plaque de graphisculpture, 1967
La graphisculpture de Paolo Boni, un procédé original, par Carla Boni
Les gravures de l’artiste Paolo Boni dites « graphisculptures » sont une adaptation tout à fait originale de ce que l’on entend par gravures ou estampes. C’est le galeriste et critique d’art milanais Alfonso Ciranna qui nomme ainsi en 1970 ces gravures en raison de leur particularités expressives.
Les premières gravures de Paolo Boni datent de 1957. Son œuvre gravée se poursuivra toute sa vie jusque dans les années 2000.
Initié à Paris dans l’atelier de Stanley William Hayter, il le quitte rapidement lorsqu’il transgresse une des règles transmises : ne surtout pas percer la plaque. En effet dès les premiers essais l’émergence du blanc, créer à l’impression sur papier par les trous dans la plaque, devient pour lui un élément essentiel de création de ses œuvres graphiques qui restera sa signature.
L’obsession du relief persistera avec constance dans toute son œuvre des graphisculptures aux bois peints découpés de la fin de sa vie.
Dès 1960, il découpe la plaque métallique et l’assemble avec des rivets faits maison. La plaque métallique de départ devient en quelques années un puzzle de divers métaux, formes découpées et superposés les unes sur les autres et donc dissociables afin de pouvoir les encrer séparément. Les rivets sont minutieusement réalisés avec des clous : perçage de la plaque à la perceuse, introduction du clou, la pièce métallique est retournée, la pointe du clou coupée et martelée. Il utilise aussi les clichés d’imprimerie, devenus obsolètes une fois utilisés, qui servent à l’époque pour l’impression des revues, publicités et journaux avant l’arrivée de la photocomposition et par la suite de l’ordinateur. Il se sert également de toutes sorte d’outils pour mordre et griffer le métal : cisailles, limes, pointes à graver, poinçons, pointe-sèche, emporte-pièce, meuleuses, fraiseuses, burineuses avec l’indispensable enclume.
Ce n’est pas juste la plaque qui est support d’expression comme dans l’estampe classique mais un hétéroclite assemblage de métaux et d’objets préexistants de la vie courante. Tout un monde de signes et de symboles de son époque sont recyclés pour donner une autre âme à ses graphisculptures. Au gré de sa fantaisie Boni ajoute à la plaque toutes sortes d’objets en métal parfois glanés dans la rue : écumoires, boucles de ceinture, pièces de monnaie, protège-talon de chaussures, couvercle de boites de conserve, grilles protège-radiateur, grillages, serrures pour meubles, chiffres et lettres, etc. Certains éléments incorporés font sourire lorsqu’on les identifie et révèlent le côté jovial et farceur de l’artiste. Ces objets usuels échappent alors à leur origine réaliste ou industrielle et se métamorphosent en éléments plastiques de l’œuvre. Ces objets, comme des clins d’œil, sont autant de mots d’esprit visuels, une sorte de poésie pleine d’humour ponctuant la mécanique des assemblages.
Le relief de la plaque se transpose intégralement dans le papier. Ce n’est pas une image ou une illusion créée en surface mais bien la réalité palpable de l’œuvre. Il suffit par exemple de retourner un tirage de graphisculpture et de l’exposer à une lumière rasante pour en mesurer toute la profondeur. Boni est passé maître dans la juxtaposition de plaques métalliques de la bonne épaisseur pour ne pas percer le papier en obtenant le maximum de relief. Ce qui est possible grâce à l’utilisation de certains types de papier résistants, du genre Velin d’Arche ou Rive, fabriqués artisanalement.
Dans l’année 1964, il passe de gravures monochromes à l’intégration de plusieurs couleurs dans l’impression. Grâce à ces expérimentations précédentes, il a découvert le fait que certains métaux font réagir et modifient les couleurs par réaction chimique. Il utilise du zinc, du cuivre, du laiton, de l’aluminium et de l’acier. Contrairement à l’acier sans réaction, le laiton, le zinc et le cuivre peuvent modifier l’intensité des couleurs. Fort de cette connaissance des oxydations selon le métal, il choisit les formes et les zones où il veut obtenir certaines nuances.
Pour imprimer les estampes les artistes font souvent appel à des ateliers de taille douce.
Souvent Boni faisait les essais d’impression des graphisculptures avec son neveu Mario qui était taille-doucier afin d’arriver au « Bon à Tirer ». Cela lui permettait si nécessaire de modifier la plaque avant le tirage définitif si l’impression ne donnait un résultat satisfaisant. Une fois celui-ci mis au point le taille-doucier effectue le tirage d’exemplaires identiques en nombre suffisant. Selon si c’est une commande d’une galerie ou de l’artiste, le nombre d’épreuves varient ainsi d’une dizaine à une cinquantaine.
Pour l’encrage le procédé Boni permet une grande liberté.
Comme la plaque à imprimer est un puzzle de plusieurs plaques superposées, on peut encrer chaque zone ou plaque d’une couleur ou nuance différente. Les plaques sont réassemblées pour obtenir une multiplicité de couleurs en un seul passage. Pour l’encrage le taille-doucier utilise des rouleaux en gélatine de diverses duretés selon le rendu recherché et des pinceaux qui permettent d’encrer de petites surfaces. Les encres sont spécifiques pour la taille-douce. Selon le rendu voulu, on y ajoute par exemple de l’huile de lin pour accentuer un effet de transparence ou de la térébenthine pour plus d’oxydation. En jouant lors de l’encrage avec l’essuyage, en laissant plus ou moins d’encre, avec une toile légèrement tissée dite tarlatane ou certains papiers, on peut obtenir une dizaine de nuances avec une palette de demi-tons très vastes qui donnent des transparences inattendues. Une fois le puzzle réuni à nouveau sur le plateau de la presse on pose délicatement dessus le papier après l’avoir humidifié sans excès afin qu’il prenne la couleur et le plus de relief possible sans se fissurer. Ainsi la gravure obtenue est multicolore en un seul passage avec d’importants reliefs qui lui valent son nom de graphisculpture.
Carla Boni, octobre 2025


Détails de la plaque et son tirage de la graphisculpture Zodiaque